Un Ministre Français m'a dit : « Sassou, c'est mon ami ». Par Urbain-Roussel M'Vouama

Publié le par ledaoen ...

 

Invité samedi 17 janvier 2009 à 11 heures, je me rends dans la banlieue de Besançon, pour assister à la présentation des voeux de l'an neuf d'un Ami, Député du Doubs. A l'entrée du gymnase mis à disposition par la Mairie, et, arrivant au bout de la file d'attente, je suis chaleureusement accueilli par le Député qui, en me serrant la main avec un grand sourire, m'appelle amicalement : « l'africain ».

Coiffé de mon éternel casque colonial, je rentre dans le gymnase et je fais le tour de la salle comble, coude à coude ; car elle comptait au moins cinq cents invités... Je constate tout de suite que je suis le seul Noir dans la salle. Alors que nos « frères maghrébins » étaient en nombre.

A 11H30, la cérémonie se fait attendre car un invité de marque n'est pas encore arrivé. Après les excuses du Député adressées aux invités, le Ministre de la « coopération... » fait son entrée dans le gymnase. Il rejoint à la tribune le Maire, et le Suppléant du Député qui est un Ami. Après les discours de bienvenue, de congratulations réciproques et d'appel à la solidarité face à la crise mondiale, la cérémonie s'est terminée autour d'un modeste pot convivial : crise oblige.

En sortant de la salle, et passant devant moi, je n'ai pu m'empêcher d'interpeller poliment le Ministre en me présentant, nom et prénom : « Je suis français originaire du Congo-Brazzaville... ». Je n'avais pas encore terminé mon propos, qu'une réponse laconique et désinvolte vient arrêter mes velléités de dialogue : « Ah! Sassou, c'est mon ami ». Comme si tout congolais devait suivre aveuglément Sassou, en dépit de ses gouvernances oligarchiques et clientélistes...

Se dirigeant vers la sortie, le Ministre se retourne et me lance d'un air agacé et contrarié : « Nous avons regardé ensemble la finale de la coupe d'Angleterre de football ». Etait-ce du bluff ou une volonté de me narguer ? Ainsi va la coopération franco-africaine limitée aux palais...

A cet instant, j'ai pensé à notre jeune et dynamique Secrétaire d'Etat aux Droits de l'Homme, qui avait décliné une invitation au Congo-Brazzaville ; arguant courageusement en connaissance de cause et sans complexe : « Je ne veux pas serrer la main de ce type ».

Nous avons tous des « amis » plus ou moins sincères, néanmoins ouverts à la réflexion constructive pour mieux préparer l'Avenir des nouvelles générations ; lesquelles sont à éduquer sans cesse dans le respect de l'autre, au lieu de les manipuler à des fins politiciennes ou électorales. Gare aux compromissions et aux magouilles politico-financières !

Mais qu'un Ministre français en exercice, m'affirme sans réserve ses affinités avec un dictateur décrié, cela relève du cynisme voire du mépris vis-à-vis de la grande majorité des congolais qui aujourd'hui, tire le diable par la queue pour survivre en silence. Car une Nation qui ne peut plus offrir à sa jeunesse les perspectives d'un Avenir meilleur, est une Nation appelée à disparaître.

En conclusion, je soumets à la bienveillante réflexion du Ministre, la citation suivante : « Si tu as peur de prendre la responsabilité d'apporter le nouveau, ne tentes pas d'arrêter les âmes qui ont la volonté de le faire. » Eilleen Lady. Ne soyons pas dupes et ne sombrons pas dans la résignation.

 

 


Urbain-Roussel M'VOUAMA
 

 

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