Le LSD ça conserve, Albert Hofman, son inventeur, fête ses 100 ans !!

Publié le par Agathe Duparc


Hofman fête ses 100 ans tout sourires.
La grande forme.
Un p'tit trip ? mmm ?


Les yeux malicieux, une voix claire et une mémoire d'éléphant. C'est dans une forme éblouissante qu'Albert Hofmann, le père du LSD — l'un des plus puissants hallucinogènes connus à ce jour —, a fêté ses 100 ans, mercredi 11 janvier. Depuis, les festivités s'enchaînent. Salué par le président de la Confédération helvétique comme un "grand explorateur de la conscience humaine", posant avec sa femme dans la Schweizer Illustrierte , le Paris Match suisse allemand, le chimiste, né à Baden en 1906, est aussi la vedette d'un symposium international à Bâle qui, jusqu'au 15 janvier, réunit quelque 80 scientifiques, psychiatres et artistes venus du monde entier pour célébrer le grand homme et son invention.

 

Depuis presque une semaine, Albert Hofmann, pressé par les médias helvétiques, évoque ce qu'il appelle son "enfant terrible", affirmant en être fier, mais rappelant aussi que le LSD, "comme tout ce qui est puissant, a deux faces : l'une est dangereuse, l'autre est bénéfique". Rarement découverte aura en effet suscité autant de passion et de controverses.

 

En 1938, Albert Hofmann est un jeune chercheur, féru de plantes médicinales et de champignons. Au sein des laboratoires Sandoz (devenus Novartis) à Bâle, il travaille alors sur les alcaloïdes de l'ergot de seigle, un champignon parasite, et parvient à synthétiser pour la première fois le LSD-25 (le 25e dérivé de l'acide lysergique), dans le but de mettre au point un stimulant circulatoire et respiratoire. Les expériences tournent court.

 

Cinq ans plus tard, le chimiste, saisi d'une "intuition particulière", reprend ses recherches. Le 16 avril 1943, alors qu'il manipule le puissant acide, la substance pénètre dans son sang. Albert Hofmann vit sans le savoir son premier "trip". Pris d'une étrange sensation de vertige et d'ivresse, il est contraint de renter chez lui, cramponné à sa bicyclette, alors que la réalité se déforme. Puis il est assailli par de fantastiques images et couleurs. Trois jours après, c'est en toute conscience que le chercheur avale 250 microgrammes de LSD, une dose de cheval, passant cette fois-ci par des états tantôt "merveilleux", tantôt "terribles".

 

Le LSD (Lyserg Säure Diäthylamid, diéthylamide de l'acide lysergique) est né. Jusqu'en 1966, date de son interdiction aux Etats-Unis, la substance passionne la communauté scientifique et médicale, puis s'empare de la génération hippie. Dans les années 1950, on la prescrit à certains psychotiques et alcooliques ou à des mourants. Sandoz la commercialise pour le corps médical, sous le nom de Delysid. Mais le LSD attire aussi l'attention des militaires américains. Le Bureau des services stratégiques, l'ancêtre de la CIA, en achète un million de doses. Un plan d'"attaque lysergique" contre Cuba sera même envisagé. Mais ce programme secret — le "MK-ULTRA" — est finalement abandonné, les chercheurs qui y travaillaient ayant pris la fâcheuse habitude de consommer eux-mêmes du LSD... Dans les années 1960, alors que sa formule tombe dans le domaine public, le LSD sort des hôpitaux psychiatriques et des laboratoires. Les fabricants artisanaux fleurissent et la vague "psychédélique" déferle.

 

Pendant ce temps, Albert Hofmann, toujours fidèle à Sandoz, poursuit ses recherches. A la tête du département pour les médecines naturelles, loin de l'euphorie hippie, il étudie les propriétés thérapeutiques des champignons magiques mexicains. Puis, après avoir pris sa retraite, en 1971, il se consacre à la lecture et à l'écriture, dont l'explicite LSD, mon enfant terrible.

 

Aujourd'hui, du haut de ses 100 ans, il continue de défendre le LSD, auquel il jure ne plus toucher depuis des décennies. Le LSD, assure-t-il, "ne crée pas d'accoutumance, n'altère pas la conscience et, pris dans des doses normales, n'est absolument pas toxique". C'est la "plus efficace et précieuse aide pharmaceutique pour étudier la conscience humaine". Une piste que certains scientifiques américains et européens demandent aujourd'hui à réexplorer.

 

 

Agathe Duparc

 

Le Monde du 15.01.06

 

© Le Monde

 

Publié dans Actualité

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D
Bon , ben Y qu'a se refaire un repas .. c'est toujours moi qui offre le vin et le steak ??? <br /> Bises <br /> Jm
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L
Ouais ... c'est quand tu veux ! Avec plaisir ... J'crois qu'on a un bon Pommard à déguster.
D
Evidment ... quand on ( nous le peuple ! ) osera voter ( et donc elire ) pour un politicien qui aura le courage de bousculer un ordre hypocrite , ben on fera avancer les choses ... pour l'instant , si j'envisage d proposer à mes patients en fin de vie de la MDMA ou du LSD, soit je me retrouve en taule , soit je me retrouve en taule ... sacré choix que celui là ... 'faut pas oublier qu'il n'y a pas si longtemps , on utilisait la morphine pratiquement que quelques heures AVANT le dc de quelqu'un ...que sa prescription n'etait admise que par quelques rares reanimateur trié sur le volet ... maintenent , j'arrive à doser savament cet antalgique qui soulage l'arthose de quelques uns de mes veiux patients ... <br /> Donc ... pourquoi personne ne se penche t'il pas sur l'utilisation de ses drogues en fin de vie ??? <br /> Je crois que je vais plencher la dessus ! <br /> Sinon , l'article ne mentionne pas le fait que meme s'il a jurer cela , il a egelmant declarer à un autre journaliste ( mais à mi voix ) qu'il avait essayé ce produit il y a quelques année sur lui meme pour voir si cela ameliorait des episodes depressifs , et que ma fois , cela avait eu une certaine efficacité ... <br /> ainsi donc ... jamais testé , mais cela serait avec un plaisir non dissimulé ! <br /> LE BONJOUR À TOUTES ET TOUS <br /> DR M.
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L
Ha Ha !! Le Dr Mabuse dans les traces de Hofman !Les substances qui ouvrent l'esprit font peur à ceux qui sont chargés de nous endormir... On en revient à la matrice, à Matrix,  prend la pilule bleue et tu continuera de dormir, prend la rouge, et tu verras la réalité ... mais es-tu certain de le vouloir ?Pour moi idem, jamais gouté à la molécule magique ... mais je ne désespère pas qu'on m'en trouve un jour afin que je puisse faire l'expérience ultime. Et dire que ça se trouvait comme des p'tits pains dans les années 60, vendu librement sur tout les campus américains, consommation conseillée par les profs de fac de philo et de psycho afin de découvrir d'autres parties de sa conscience.