INTERVIEW D'ALAIN FINKIELKRAUT

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INTERVIEW D'ALAIN FINKIELKRAUT

 

Alain Finkielkraut . (Photo : Daniel Cohen)

 

 

 

Interview du philosophe Alain Finkielkraut avec l'aimable autorisation de l'hebdomadaire israélien Jerusalem Post édition française et de sa rédactrice en chef Chantal Osterreicher.

Alain Finkielkraut est un philosophe professionnel. Il connaît le pouvoir de la plume et des mots et les utilise au risque de s'attirer les foudres d'une partie de l'opinion. Rencontre avec un homme sans peur.

Propos recueillis par Chantal Osterreicher

Alain Finkielkraut a été honoré du titre de docteur honoris causa en philosophie par l'université de Tel-Aviv au mois de mai, notamment pour "son courage intellectuel qui le fait marcher dans l'antre du lion de la controverse publique" et "son soutien indéfectible envers Israël", accompagné par l'association des Amis de l'université de Tel-Aviv. Deux ans après une interview avec le quotidien Haaretz qui l'a placé "en enfer", d'une part pour l'ire qui a suivi ses propos dénaturés par le journal israélien, et "sur un nuage" d'autre part pour le soutien qu'il a reçu après avoir eu la possibilité de s'expliquer, le philosophe s'entretient avec le Jerusalem Post édition française. Il évoque les suites de cette interview, aborde la politique israélienne, commente l'élection de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République française et situe, aujourd'hui, l'état du parti socialiste français.

Le thème de la conférence internationale qui a eu lieu à l'université de Tel-Aviv les 9 et 10 mai était "Religion radicale". Pensez-vous que la radicalisation de la religion soit la marque de ce siècle naissant ?

Non. Je ne dirais pas les choses comme cela. D'abord, est-ce la religion qui se radicalise aujourd'hui ? Non. Si radicalité il y a actuellement, c'est dans l'Islam. Les autres religions connaissent pour les unes un regain éventuel d'intégrisme, pour d'autres, une poussée de prosélytisme, mais il ne faut pas utiliser le concept de radicalité à tout va. La radicalité, ce n'est pas l'intégrisme. Il y a, par exemple, un renouveau de l'orthodoxie juive, avec même des phénomènes de retour au judaïsme qui sont très spectaculaires. Mais l'orthodoxie est, disons, un séparatisme. On ne se mêle pas aux autres, les autres pouvant être les goys ou même les Juifs laïques. On s'entoure des quatre côtés de la Torah. Ce séparatisme a des aspects fascinants et peut-être aussi des aspects agaçants, voire parfois agressifs. Mais la radicalité c'est autre chose. La radicalité ne consiste pas à s'éloigner des autres. La radicalité, c'est la volonté en acte d'un monde où il n'y a plus de place pour l'autre. C'est une sorte de folie, d'impérialisme du même. L'autre est un ennemi, cet ennemi il faut le vaincre, de quelque façon que ce soit.

La radicalité est par essence guerrière. Et c'est l'Islam qui aujourd'hui est porteur de cette radicalité religieuse. Mais d'autres formes de radicalité, je le dis entre parenthèses, sont possibles. Il existe aussi une radicalité politique. Le totalitarisme nous l'a montré. Une radicalité laïque. La religion n'a pas le monopole de la radicalité. Le monde moderne laïque a inventé aussi une politique absolue vouée à l'éradication du mal par l'élimination des méchants.

Tony Blair a annoncé sa prochaine démission. Pensez-vous que dans le gouvernement israélien on devrait suivre son exemple ?

Je ne me sens aucune qualité pour le dire. C'est-à-dire, je pense qu'un Juif de la diaspora peut se mêler de la politique israélienne, mais avec pertinence et circonspection. Là, Israël est en proie à une crise politique intérieure et je n'ai pas tous les éléments pour pouvoir, moi, proposer une solution. Ce que je crois savoir, c'est que la guerre au Liban a été menée de manière catastrophique. Cette riposte militaire était bien sûr justifiée par une agression sur le sol israélien, avec la mort de huit soldats et l'enlèvement de deux autres (Eldad Regev et Ehoud Goldwasser, ndlr). Elle était justifiée aussi par les préparatifs militaires du Hezbollah en dépit de résolutions de l'ONU que le Liban ne pouvait pas ou ne souhaitait pas respecter. Mais malheureusement, Israël a choisi le tout aérien, Israël a été pris d'une sorte d'ivresse technologique, une ubris américaine. Le chef d'état-major porte à mes yeux la plus lourde responsabilité dans cette affaire. Il avait face à lui deux civils. Ni Ehoud Olmert ni Amir Peretz n'avaient d'expérience militaire.

Mais avant de m'exprimer sur la question que vous me posez, j'observe une tragique ironie du sort. Si Amir Peretz, un civil sans expérience politique ni expérience militaire, s'est proposé pour le ministère de la Défense, c'est qu'il avait en tête la suite du désengagement et qu'il pensait que le désengagement en Cisjordanie serait beaucoup plus difficile que celui de Gaza, qu'il aurait à faire à des protestations plus violentes, et même sans doute à des refus d'obéissance dans l'armée. Et il s'est dit qu'il était le mieux armé pour tenir tête à ce genre de comportement.

Il a sans doute pensé aussi qu'en lançant une offensive rapide au Liban avec Ehoud Olmert, il gagnait en quelque sorte ses galons de faiseur de paix. Il était ensuite abilité à continuer le désengagement. Les choses se sont passées autrement et aujourd'hui règne en Israël un gouvernement qui n'a plus de projet. Ils ont été élus pour le désengagement, et le public israélien, après la terrible expérience libanaise, n'y est pas prêt.

Donc c'est un gouvernement en stand-by. Denis Charbit m'a dit, et je trouve cette expression très forte et très judicieuse : "Les hommes nouveaux en Israël, on a déjà donné." Israël a besoin non d'hommes neufs mais d'hommes d'expérience. Une bataille politique se prépare éventuellement entre Ehoud Barak et Netanyahou. Si je me projette en avant, je dirais sans la moindre hésitation qu'en dépit de ses défauts, c'est Ehoud Barak qui m'apparaît comme l'homme de la situation.

En Israël, un homme de gauche, en France un homme de droite. Vous avez ouvertement soutenu Nicolas Sarkozy. Pourquoi ?

Je ne l'ai pas soutenu ouvertement. Une rumeur a circulé depuis trois mois faisant de moi un supporter de Nicolas Sarkozy. Cela a commencé par une information du Canard enchaîné qui était fausse, et on annonçait encore ma présence à son dernier meeting de Bercy, et là c'était l'agence Reuters. Ce n'est pas vrai. J'ai même réclamé de la manière la plus solennelle mon droit à l'isoloir. Je pensais que je n'avais pas à rendre mon vote public, notamment parce que j'enseigne. Le professeur que je suis a des convictions, et je ne veux pas avoir de casquette. Je ne veux pas apparaître comme sarkozyste, ou quoi que ce soit d'autre, aux yeux de mes élèves.

Donc je suis intervenu dans la campagne d'abord pour démentir ces rumeurs sans cesse renaissantes, et ensuite, c'est vrai, pour dire mon effroi devant l'état de délabrement intellectuel, politique et moral du parti socialiste. Une candidate portée non par un projet mais par les sondages, et des intellectuels qui n'avaient rien d'autre à lui souffler que des idées de procédure. Comme par exemple la démocratie participative ou encore les jurys citoyens. On ne demande pas des procédures à un futur président, on demande des projets et des décisions.

Donc cela, je l'ai dit. J'ai aussi pris acte de la haine qui s'était cristallisée dans le mouvement "Tout sauf Sarkozy". Une haine de très mauvais aloi, une haine qui conjuguait un antifascisme déplacé, hors de saison, et un antisémitisme subliminal. Antifascisme déplacé, Sarkozy n'est évidemment pas fasciste. Mais il y a des gens en France qui ne savent entrer en politique que par la porte de la haine. La politique pour eux c'est l'affrontement binaire, c'est la perspective d'un ennemi monstrueux qu'il faudrait terrasser. Lorsqu'on a vu Sarkozy siphonner l'électorat de Le Pen, ces gens-là ne se sont pas réjouits. Ils ont dit que Sarkozy se lepenisait. C'est absurde mais c'est très révélateur d'une composante de la politique française qui remonte à Robespierre. La politique c'est la guerre de l'humanité contre ses ennemis. Et l'antisémitisme aussi était présent chez par exemple tel auditeur de France Inter qui avait laissé sur le répondeur d'une émission connue un texte que le producteur de l'émission a jugé bon de diffuser, auditeur visiblement d'extrême gauche, qui s'amusait à faire la nécrologie de Nicolas Sarkozy : "Homme politique français, président de la République au début du xxie siècle, a inauguré une période de corruption généralisée", et je dis les choses en substance, "et s'est lancé ensuite dans une guerre pour rétablir le temple de David à Jérusalem. Il est mort dans son bunker dans des conditions mal élucidées." J'aurais une multitude d'autres exemples qui prouvent qu'on a représenté Sarkozy comme un Hitler au nez crochu. C'était abominable et je me suis réjoui en effet que la haine ait été vaincue. Certes, elle ne désarmera pas, donc ça va continuer.

Et puis d'un autre côté, j'ai été très sensible aux accents des discours de Sarkozy, à sa capacité d'inscrire la politique dans l'histoire, à conjuguer tous les temps du verbe, le passé de la France, le présent mais aussi le futur. C'était très fort. C'était une manière de nous rappeler que nous ne sommes pas simplement des individus, que nous ne vivons pas que pour vivre, mais que nous nous inscrivons dans un monde, et que ce monde, il nous incombe d'en prendre soin, si possible, avec amour. Donc à cet amour de la haine, précisément, si vivant contre lui, il opposait la politique comme amour du monde, et j'aimais ce choix.

Comment voyez-vous le mandat Sarkozy ?

Tout est possible. Je pense que certaines des promesses seront tenues, notamment pour ce qui concerne l'augmentation du pouvoir d'achat, la libération du travail, la suppression de l'impôt sur les successions. D'autres promesses sont moins directement monnayables en réformes précises. Va-t-il être capable de refonder l'école ? Il a eu raison de dire qu'on ne peut plus envisager le problème de l'école en termes de moyens. D'abord on a mis trop de moyens dans le secondaire et on a ruiné le supérieur. Va-t-il être capable de réintroduire à l'école l'exigence d'excellence et des grands auteurs ? Va-t-il être capable de réintroduire pour une démocratie vraie la sélection ? Je n'en sais rien. Deux choses m'inquiètent : c'est que ces promesses-là puissent être oubliées au profit de promesses plus directement parlantes.

Et la deuxième chose, c'est l'opposition qu'il risque de rencontrer dans la rue. Dès qu'on prononce le mot de sélection, les enfants envahissent les avenues. Et dès qu'on veut refonder l'école, ce sont les syndicats d'enseignants, et les fédérations de parents d'élèves, qui depuis trente ans au moins, ne raisonnent qu'en termes de moyens.

Est-ce que vous pensez qu'avec Nicolas Sarkozy l'image d'Israël peut s'améliorer en France ?

Non. Vous savez, il ne faut pas surestimer le pouvoir des hommes politiques, même présidents. Tous ceux qui disent par exemple qu'il va faire main basse sur la presse se racontent des histoires. La presse est majoritairement contre lui, et continuera à l'être. Il n'a aucun pouvoir médiatique. Il a des amis, il a donc quelques journaux qui lui sont favorables. Le Figaro, mais Le Figaro est favorable à la droite. Peut-être Europe 1. Mais tout le service public, notamment à la radio, lui est hostile. Libération lui est hostile. Marianne lui est hostile.

Il n'est pas tout puissant, la politique n'est pas toute puissante. Les amuseurs sont beaucoup plus puissants. Les journalistes sont plus puissants que les politiques et les amuseurs plus puissants que les journalistes. Et Sarkozy sera traîné dans la boue comme président sans aucun problème. Donc il ne faut pas exagérer son pouvoir. Il ne faut pas exagérer non plus son influence, son autorité idéologique. Il va peut-être infléchir la politique étrangère française, il va peut-être essayer de rompre avec une certaine tradition du Quai d'Orsay. Je ne suis pas sûr qu'il y réussisse, les pesanteurs sont très fortes. Et quand bien même il y réussirait, ça ne changera pas nécessairement l'état d'esprit de l'opinion. L'opinion peut évoluer et évolue en général en toute indépendance du pouvoir politique. Dans une certaine frange de l'opinion, la déligitimation d'Israël a fait d'immenses progrès et cette frange de l'opinion ne sera certainement pas influencée par Sarkozy. Elle risque de se radicaliser encore d'avantage. Mais ce n'est pas toute l'opinion non plus.

Puisqu'on parle de l'opinion, qu'est-ce qui a changé pour vous depuis la parution de l'interview dans le Haaretz il y a deux ans ?

Tout a changé. Il y a pour moi un avant Haaretz et un après. Dans les jours qui ont précédé cet entretien, je m'étais exprimé dans Le Figaro sur les émeutes avec une très grande clarté. J'avais déploré l'héroïsation ou la victimisation des émeutiers. J'avais parlé au nom de ce que j'appelle le parti de l'indignation. J'avais dit que l'incendie d'école n'avait aucune excuse et j'avais dit aussi que la seule manière d'aider ces jeunes, c'était de leur faire honte. Mais, cet article je l'avais lu, relu, vérifié. Avec Haaretz, les choses se sont passées tout à fait différemment. Je n'ai rien pu relire ni préciser. Et donc, certaines formules m'ont fait apparaître comme un raciste, ce qui est, pour de très bonnes raisons, le crime intellectuel majeur, la tache ineffaçable. Et depuis lors, je sais que sur Internet toutes sortes de diatribes sont lancées contre moi. J'ai aussi des problèmes dès que je mets le nez dehors, en tout cas dès que je fais une conférence. C'était le cas à Aix il y a un an, c'était le cas plus récemment à Bourg-la-Reine. Je faisais une conférence sur l'école, et j'ai eu droit à la protection de deux cars de CRS. Certes, la manifestation voulant m'interdire de parler n'a pas réuni les foules, c'était une centaine de vieux gauchistes, certains d'ailleurs avaient basculé dans le négationnisme, mais c'est quand même très désagréable, ces gens qui hurlent "Finkielkraut raciste", etc.

L'ironie c'est que ce coup me soit venu d'Israël. Israël, c'est à la fois le pays qui fait de moi un docteur honoris causa, et le pays où un petit cercle postsioniste veut ma peau. Je ne pense pas que les choses puissent vraiment se tasser, d'autant plus aujourd'hui que l'actualité n'est plus comme autrefois évanescente. On pouvait le regretter, se dire que l'actualité c'est un événement qui n'apparaît que pour sombrer dans l'oubli. Maintenant, il apparaît, et puis il est inscrit pour l'éternité sur Internet. Je pense que cet entretien du Haaretz est disponible. Il n'est donc pas l'entretien d'un instant mais l'entretien de tous les instants. C'est le regret que je peux éprouver. C'est un des griefs multiples que je peux adresser à ce dispositif terrifiant qu'est Internet.

Je pense qu'au Haaretz, beaucoup de gens ont compris que cet entretien n'avait pas été très honnête, que c'était une sorte de traquenard, que les titres choisis et les sous-titres voulaient me faire apparaître comme une sorte de Le Pen juif, que mes interlocuteurs avaient vu en moi l'équivalent diasporique du colon israélien qu'ils détestent. Donc j'ai été une victime de la radicalité progressiste. Je disais tout à l'heure que la radicalité n'est pas l'apanage de la religion. La radicalité progressiste fait de la politique mondiale une sorte de guerre civile. Et ceux qui s'inscrivent dans cette guerre civile, par exemple en Israël, ne voient pas l'ennemi dans l'islamisme qui les agresse mais chez l'extrémiste juif. Et ils ont cru que j'en étais l'équivalent français. Tout le monde à Haaretz ne pense pas ainsi. Pour moi, vis-à-vis de Haaretz, j'ai tourné la page. Malheureusement, cette page Internet ne la tournera jamais.

Vous avez également reçu un fort soutien durant cette période.

Les témoignages de sympathie se sont multipliés. J'ai reçu des milliers de lettres ou des courriels, les gens m'abordaient dans la rue. D'autant que j'ai eu l'occasion quand même en France de m'expliquer très vite. Le Monde a publié des extraits de mon entretien, des extraits terribles. Dès le surlendemain, Le Monde m'a permis de préciser un peu les choses. Donc le lynchage n'a pas été total. Le vrai lynchage médiatique c'est quelqu'un qu'on accuse et qui n'a pas la possibilité de se défendre. Ça a été en France le cas d'un écrivain, accusé à mes yeux à tort d'antisémitisme, Renaud Camus.

Ma situation était curieuse. J'étais en enfer et j'étais sur un nuage. J'ai bénéficié de ce soutien. Il n'empêche, j'ai parlé au détour d'une phrase de l'équipe de France de football, je ne veux même pas y revenir, et il y a des gens pour qui je n'existe et je n'existerai jamais que par cette phrase. Aucune de mes autres interventions et aucune de mes oeuvres ne compte. Je suis aussi la victime, et ça me rappelle un roman de Kundera, d'une plaisanterie. Je suis persécuté par une plaisanterie.

J'ai donc reçu de nombreuses lettres de soutien après avoir publié ma réponse dans Le Monde. Ce qui m'a plu, c'est qu'elles venaient souvent de gens de gauche. Pas uniquement de Juifs, mais souvent de gens de gauche. J'ai compris que la diabolisation avait ses limites. En revanche, j'ai eu droit à la couverture du Nouvel Observateur où je suis apparu comme le chef de file des néoréactionnaires. Et d'ailleurs ils n'ont pas changé, ils ont refait une couverture du même type il y a quelques semaines pour dresser à nouveau la liste des intellectuels qui virent à droite. Et ça aussi c'est une des grandes tristesses de l'époque, cette gauche qui se raidit, qui oublie toutes les leçons de l'antitotalitarisme, qui pratique le soupçon et même l'épuration. Une gauche épuratrice est à l'oeuvre, et est tellement épuratrice qu'elle se stérilise totalement. Et on en revient à la candidature Ségolène Royal. Parce qu'une fois qu'ils ont épuré, ils n'ont gardé que les crétins.

Si un candidat de droite a tenu sur l'école des propos qui m'allaient droit au coeur, ce n'est pas parce qu'il était de droite. C'est parce que la gauche avait complètement délaissé ce terrain. La gauche a choisi la voie de la facilité démocratique, du pédagogisme, de la démagogie sur un certain nombre de questions comme l'école, la sécurité et l'intégration.

Quand un candidat de droite fait référence à un certain nombre de grandes figures pour dire ce que représente pour lui la France, et qu'il remonte à Jeanne d'Arc en passant par Pascal, par Voltaire, et en terminant par Georges Mandel, Guy Moquet, etc., que répond la candidate de gauche ? Elle répond par une référence à la France de Diam's. Diam's est une chanteuse de rap, qui a écrit et chanté un texte : Ma France à moi. Ma France à moi, dit-elle, elle sèche les cours, elle s'éclate, elle n'aime que la culture américaine, et comme elle n'a pas de débouchés, elle vend de la merde, c'est-à-dire du shit, de la drogue, à des bourges, c'est-à-dire des bourgeois. Voilà la France dont se réclame effrontément une candidate de gauche. Qu'est-ce que ça a à voir avec la gauche ?

Le candidat de droite a cité Jaurès. La gauche a dit : "c'est une captation d'héritage". Non ! Car il ne citait pas Jaurès pour son socialisme, il citait Jaurès pour son patriotisme, pour sa manière d'habiter la France, pour son rapport au passé. De même qu'il citait Jules Ferry parce que celui-ci avait adressé à tous les enseignants de France une lettre commençant par ces mots : "Monsieur l'instituteur". Et ce candidat, Nicolas Sarkozy a dit : "cette formule, c'est la civilisation même". Eh oui ! Monsieur l'instituteur, c'est une expression qui oblige à se tenir droit. Diam's, c'est la civilisation du laisser-aller et de l'avachissement total. La gauche a choisi l'avachissement et elle a trahi, ce faisant, le meilleur de son héritage.

Cette interview a été réalisée en collaboration avec Hélène Schoumann.

 

 

 

 

 

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